« Atelier A2 »

Vers une classe institutionnelle, témoignage d’un stage AVPI – Atelier A2

Enseignant en classe spécialisée, je pratique la pédagogie institutionnelle depuis plusieurs années. La classe est coopérative, les institutions sont en place. Au quoi de neuf, les élèves parlent, au conseil, des décisions sont prises, les métiers sont très prisés, nous recevons des nouvelles de nos correspondants tous les quinze jours, nous imprimons notre Journal de classe avec les textes libres élus, des livres sont présentés à la présentation de lecture, les ceintures de comportement sont installées, et la monnaie de classe est bien utile pour faire des achats au marché de classe mais aussi pour valoriser le travail de l’élève. Bref, la « machine institutionnelle » est en place et semble maintenant fonctionner.

Mais cela n’a pas été évident tout de suite. J’étais revenu enthousiaste d’un premier stage de pédagogie institutionnelle (atelier A1). Mais dans la classe, les choses ne sont souvent pas si idylliques. Les institutions sont en place, mais certaines sont défaillantes, la « machine-classe » n’est pas efficace. Un grain de sable peut en perturber le fonctionnement. Parfois, le grain est plus gros et la machine s’enraye. C’est ainsi qu’après une deuxième année scolaire particulièrement difficile, j’ai éprouvé le besoin d’une « piqûre de rappel ».

Me voilà donc inscrit en atelier A2 d’un stage organisé pendant les congés scolaires de l’été 2008. C’est l’occasion de revoir des collègues travaillant en pédagogie institutionnelle, de revivre une semaine complète en immersion dans cette pédagogie et surtout de trouver des éléments de réponses aux difficultés concrètes rencontrées durant ces deux années scolaires. Echanges, discussions, réflexions, partages sont les éléments essentiels de cette formation.

Ce stage en atelier A2 m’a permis de prendre du recul pour réfléchir sur ma pratique de classe afin d’en comprendre les difficultés, de trouver des réponses permettant de les surmonter. J’ai pu mettre des mots sur des institutions que je n’avais pas clairement comprises, j’ai pu me les approprier davantage. Ainsi :

-Le stage en A2 m’a permis de comprendre que les institutions ne sont pas des éléments déconnectés les uns des autres, mais bien un système complexe d’interconnexions qui s’appuient les unes sur les autres pour fonctionner. On me l’avait pourtant dit en stage A1, mais j’avais oublié…

-Chaque enfant est inscrit dans la classe en tant qu’élève, il fait partie du groupe, il n’a pas le choix, je n’ai pas le choix, on me l’avait dit mais j’avais oublié…

-Le conseil est la clé de voûte de la classe coopérative. C’est un organe de décision et de régulation du groupe. C’est là où les difficultés de la classe doivent être renvoyées pour que le maître ne soit pas en relation duelle avec un élève. On me l’avait dit, mais j’avais oublié…

-Dans une classe institutionnelle, c’est la « machine » et ses lois qui protègent du groupe. C’est elle qui doit porter les difficultés de la classe et non l’enseignant tout seul. On m’avait pourtant dit de faire confiance aux institutions mais j’avais oublié…

Pris par le quotidien de la classe, de la gestion au jour le jour des difficultés et malgré mon immense désir de créer une vraie classe de pédagogie institutionnelle, j’en avais petit à petit oublié les fondements essentiels.

Travailler en pédagogie institutionnelle, c’est également travailler sur soi-même. Le cadre sécurisant mis en place par les formateurs m’a permis de mieux me comprendre et de prendre conscience que les difficultés rencontrées en classe sont parfois le reflet de mes propres peurs et de mon histoire personnelle.

Après une semaine à rythme de travail et de réflexion intense, je suis rentré chez moi bien fatigué, mais rempli d’idées nouvelles pour la rentrée suivante…

La Pédagogie Institutionnelle est un outil formidable de médiation qui permet aux enfants et aux enseignants de grandir dans un cadre sécurisant lorsque l’on fait confiance aux institutions.

Merci à Patrice et Marie-Flore pour tous ces moments de partage.

Erny GOETZ, avril 2016.