Souvenirs : Deux minutes chrono !
« Vous allez préparer une émission radio de deux minutes. Après le repas, vous la présenterez à l’ensemble du stage pour informer les autres de votre travail de la matinée. Vous trouverez un instant pendant le repas pour soumettre votre texte au responsable de l’atelier. »
Un silence accueille cette annonce, suivi de bruyantes exclamations: Il est déjà midi moins dix, jamais on aura le temps ! Que faut-il dire ? Comment s’organiser ? Doit-on dire tout ce qu’on a fait ce matin ? Pourquoi l’aval d’un responsable, nous ne sommes pas des enfants !
Mais les responsables de l’atelier ont déjà disparu…
Nous nous regardons, déconcertés, nous, les participants à cet atelier débutants ou dont c’est le premier stage de pédagogie institutionnelle. Justement, je me réjouissais de retrouver mes amis au repas pour partager avec eux mes impressions de la matinée. Mais là, c’est à l’ensemble du stage qu’il faudra parler, et d’une seule voix alors que nous sommes quinze !
Le temps presse, il faut se décider. Que dire, que choisir ? Des idées fusent : on pourrait parler du choix de texte vécu ce matin! De la constitution des équipes ! Du matériel à imprimer! Des nombreux journaux de classes aux textes si vivants et si bien illustrés ! On pourrait aussi se présenter ? Présenter le projet de travail de la semaine ?
Je me sens incapable et vide. « Radio-stage » figure bien sur la grille du stage mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Heureusement, certains prennent les choses en main. Un stagiaire se place devant le tableau : « Je note les idées. On choisira après. » Quelques phrases sont dictées, qui résument les découvertes de la matinée. Vite, on relit. Je surveille ma montre : chronométrer, ça je peux le faire ! Deux minutes, c’est plus long que ce qu’on pensait, on n’y est même pas ! Tant pis. Il faut encore décider qui va lire tout à l’heure et hop, nous galopons vers la salle à manger.
Évidemment, celle qui devait présenter notre création collective au responsable a oublié. Mais pas le responsable, qui s’informe discrètement vers la fin du repas pour savoir qui a le texte. Il nous expliquera le lendemain que son contrôle n’est pas une évaluation, mais une précaution pour éviter que l’un des auditeurs puisse se sentir blessé. Il y a tant de façons de manier l’humour, et quand on ne connaît pas ceux qui écoutent… Ah ? On se soucie donc de notre sécurité? Je me sens tout-à-coup plus en confiance.
Après le repas, la voix de Bobby Lapointe résonne à travers tout le Centre : « T’as pas tout dit, t’as pas tout dit … ! » Je suis les « anciens » qui se dirigent vers la salle expo. Un responsable-speaker annonce déjà le début des émissions de l’année. Et c’est à nous ! Bravement, la volontaire lit les quelques idées que nous avons réussi à rassembler. À la fin, de longues secondes de silence pour lesquelles, à notre confusion, le speaker remercie l’atelier ! Deux minutes, c’est deux minutes ! Puis c’est au tour des autres ateliers. Eux, les anciens, n’ont droit qu’à une minute. Les A2 ont choisi de présenter leur travail sous la forme d’une interview pleine d’humour. Tiens, c’est bien plus vivant que ce que nous avons dit. Les B ont détourné une chanson connue pour nous dire musicalement et poétiquement les questions qu’ils se sont posées ce matin… Je coule un œil vers mes voisines du A1: tu as entendu ? On a de quoi faire pour progresser !
Tout en respectant les contraintes puisqu’il s’agit de donner une information sur la matinée en un temps précis, il y a une grande liberté au niveau de la forme. « Articulation de la liberté et de la contrainte », mots entendus ce matin à propos du journal et de la correspondance scolaires…
Mais déjà, le stage continue à dérouler ses activités de l’après-midi. Nous verrons cela demain, après la deuxième matinée d’atelier. D’ici là, les idées auront le temps de mûrir…
Marguerite Bialas, décembre 2014.